top of page

"Vous aurez de quoi travailler jusqu’à l’année prochaine" : comment la sécurité privée courtise les jeunes avant les JOP

Marie Desrumaux

8 déc. 2023

Plus de 13 000 personnes sont entrées en formation pour les métiers de la sécurité privée depuis début 2023, dont près de 1 000 pour le CQP PSGE, la formation raccourcie dédiée aux étudiants, indique Najat Semdani, cheffe de projet JOP 2024 à Pôle emploi Île-de-France, en marge d’un "job dating" organisé jeudi 7 décembre 2023. Cet évènement visait à mettre des titulaires de ce CQP en relation avec des entreprises attributaires des marchés de sécurité privée de Paris 2024, au nombre de 37 et bientôt 47, selon Bruno Le Ray, directeur de la sécurité du Cojop. "Nous ferons en sorte de vous donner envie de travailler jusqu’aux JOP", promet Clément Gonon, recruteur pour la société Stand’up. "Nous avons toujours des besoins", appuie Audrey Chagnas, de la société Gest’n sport.

"Les vacations sont proposées sur WhatsApp. Quand es-tu disponible ?" Face au recruteur de la société ACA, qui réalise des prestations de sécurité évènementielle au Stade de France, au Parc des Princes, ou à Paris La Défense Arena, Charlotte, 21 ans, estime que ses études d’ingénieur lui laisseront plus de temps à partir de janvier prochain et aimerait un temps partiel. Titulaire du CQP PSGE (participer aux activités privées de sécurité des grands événements) depuis quelques jours, elle était conviée, avec 280 étudiants qui ont également obtenu cette certification, à un "job dating" organisé par Pôle emploi à la préfecture d’Île-de-France dans le XVe arrondissement de Paris, jeudi 7 décembre 2023.


Objectif : mettre ces jeunes diplômés en contact avec 21 des 37 premières sociétés qui, comme ACA sécurité, ont été sélectionnées par le Cojop pour assurer la sécurité des JOP (lire sur AEF info). Elles devraient bientôt être 47 avec l’attribution prochaine de la troisième vague d’appel d’offres à dix nouvelles entreprises, révèle le général Bruno Le Ray, directeur de la sécurité de Paris 2024 (lire sur AEF info), venu motiver les futurs agents de sécurité privée avant leurs entretiens. "C’est le plus gros évènement au monde", souligne-t-il. Selon ses estimations, le Cojop aura besoin en moyenne de 17 000 agents de sécurité privée par jour sur la période olympique, avec des pics à "plus de 22 000".


UN TAUX DE FÉMINISATION DE 40 % CHEZ LES JEUNES

Afin de stimuler la filière de la sécurité évènementielle qui a vu ses effectifs changer de voie pendant la crise sanitaire (lire sur AEF info), "la France s’est mobilisée de façon exceptionnelle", rappelle l’ancien gouverneur militaire de Paris. Fin 2022, Pôle emploi Île-de-France a lancé un plan de formation de 20 000 personnes aux métiers de la sécurité privée avant avril 2024 en vue des JOP pour un budget de 46 millions d’euros (lire sur AEF info). Fin octobre, près de 13 500 personnes avaient pu entrer en formation, indique à AEF info Najat Semdani, cheffe de projet JOP 2024 à Pôle emploi Île-de-France.


Parmi eux, près de 1 150 jeunes, "sur une cible de 3 000", avaient suivi ou commencé à suivre le CQP PSGE d’une durée de 106 heures (soit environ trois semaines de formation), créé à reculons par la branche des entreprises de prévention et de sécurité (lire encadré). Avec, à noter, un taux de féminisation d’environ 40 %, alors que les femmes représentent 14 % des effectifs du secteur (lire sur AEF info). Les modalités de formation de ce CQP ont été "adaptées aux contraintes des étudiants", avec une semaine réalisable en distanciel et des sessions organisées pendant les vacances scolaires ou en fin de journée, souligne la cheffe de projet.


UNE FORMATION QUI FAIT DÉBAT

La création d’une formation allégée à la sécurité privée en vue des JOP a fait débat au sein de la branche des entreprises de sécurité privée. La CPNEFP s’y est d’abord opposé, compte tenu de l’échec d’un dispositif similaire mis en place pour l’Euro 2016 (lire sur AEF info), puis a finalement enregistré un CQP, en ayant obtenu des garanties des autorités (lire sur AEF info). "Nous nous sommes parfois trop laissés aller à répondre aux besoins de l’Etat sans tirer les conséquences de ce que nous avions expérimenté avant", a souligné Alain Bauer, professeur de criminologie au Cnam, lors des "assises de la formation en sécurité privée", le 31 octobre 2023 (lire sur AEF info). "J’ai déjà expliqué il y a vingt ans, au moment d’une Coupe du monde de football, qu’elle ne servait à rien, qu’elle tirait la profession par le bas, qu’elle ne répondrait à aucun des problèmes posés […]. Et pourtant, comme si de rien n’était, ce truc revient comme une forme de maladie congénitale du secteur public", a pointé le président du collège du Cnaps de 2012 à 2017. Selon lui, la formation "ne répondra ni au problème des JOP ni à celui de la durabilité de la profession au fil du temps".


https://www.aefinfo.fr/depeche/704067-vous-aurez-de-quoi-travailler-jusqu-a-l-annee-prochaine-comment-la-securite-privee-courtise-les-jeunes-avant-les-jop

bottom of page